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Église Saint-Martin (Tollevast)

De Wikimanche

L'église Saint-Martin

L'église Saint-Martin de Tollevast est un édifice catholique de la Manche.

Située dans le bourg de Tollevast, c'est « la mieux conservée des petites églises romanes du nord-Cotentin » [1].

Description

Portail de l'église de Tollevast avant 1899 : expression de l'obscurité volontaire à l'intérieur de l'église.

Cette église romane date du début du 12e siècle.

Le portail occidental est décoré de trois voussures en plein cintre. La nef est couverte en charpente ; le plafond en bois est du 19e siècle.

Le maître-autel et le retable sont en bois doré et datés de 1723. Dans le fond de la nef, une cuve baptismale ovoïde repose sur des galets.

Sous la perque du crucifix (16e s.), se trouve le tombeau du seigneur Henri de Tollevast, compagnon du duc Guillaume à la bataille d'Hastings et bâtisseur de cette église.

L'église « révèle toutes les qualités architecturales des grands sanctuaires : composition rythmée de l'abside, étagement des toitures, équilibre des masses, élévation verticale de l'ensemble. Le maître de l'ouvrage n'est pourtant pas un riche mécène. L'église n'est que l'expression du goût populaire, du savoir-faire d'un maître maçon inconnu et de l'audace créatrice d'un sculpteur anonyme. » [1].

Concernant le clocher, les sources se contredisent. Au choix :

  • Il manque toutefois la pyramide du clocher remplacée au 15e siècle par un toit en bâtière [1].
  • Ou au contraire : « L'élévation du clocher a été complétement reprise vers la fin du Moyen-Âge, mais vraisemblablement sans changer son allure d'ensemble »[2].

Une lecture formelle de la volumétrie extérieure ferait plutôt pencher pour cette deuxième hypothèse.

L'église est fortement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, Selon André Rostand [3] « les toitures, leurs charpentes et le lambris couvrant la nef ont été crevés ou anéantis ».

Paul Bony réalise après la Seconde Guerre mondiale un maître-autel céramique[4].

Architecture

Plan très simplifié de l'église, il manque notamment la sacristie sur le flanc nord du clocher et du chœur.
La nave de la nef

L'église présente encore aujourd'hui une très grande limpidité dans l'assemblage de quatre espaces successifs, qu'on distingue clairement sur le plan. Chaque espace est lisible de l'intérieur, chacun a son caractère propre qui lui est conféré par une structure différente à chaque fois :

  • Une charpente à deux pans de toiture en appui sur les murs latéraux pour la nef, longue de 18 m. Le faux plafond lambrissé et semi-cylindrique qui a été cloué dessous, ne date que de 1862, et somme toute, n'a pour effet que de brouiller la lecture du bâti, en affectant la forme d'une voûte, ce qu'il n'est pas.
  • Une voûte maçonnée en croisée d'ogive sur plan carré sous le clocher, posée sur des murs d'épaisseur impressionnante : logiquement il s'agit de porter la grande hauteur (donc le poids considérable) de la tour clocher.
  • Une autre croisée d'ogive à plan rectangulaire pour le chœur, bien plus ajourée que la base du clocher.
  • Un « cul-de-four » (un plafond en quart de sphère, si l'on préfère), sous une charpente conique, pour l'abside.

Ces trois derniers espace se succèdent sur une douzaine de mètres.

Cette limpidité se retrouve à l'extérieur, puisqu'on y lit clairement quatre volumes différenciés avec force. En somme il y a quatre volumes pour quatre espaces et quatre systèmes structurels. Le tout avait probablement un aspect symbolique qu'on laissera à l'interprétation de chacun, mais on retiendra en tout cas la volonté très ferme et maîtrisée des bâtisseurs.


Les photos de l'intérieur sont pour la plupart trompeuses, dans les faits il y fait très sombre, et c'est délibéré : il s'agit, comme dans la plupart des ouvrages romans, de créer une obscurité rassurante, par contraste avec un extérieur lumineux et potentiellement dangereux. C'est l'usage bien connu du mur roman fortement exprimé.

Toutes raisons pour lesquelles Maurice de Parcevaux (architecte) réalisera une « reconstitution de l'église de Tollevast ». Il s'agissait d'une étude, exposée et primée au salon des artistes français à Paris en 1930 [5].

Si les intentions architecturales sont toujours aussi fermement lisibles, c'est aussi qu'Yves-Marie Froidevaux en a mené la réhabilitation dans les années 1950 - ou 60. Il a notamment repris le mur sud de la nef dans lequel de grandes baies avaient été percées en 1757, en y réintroduisant de toutes petites fenêtres cohérentes avec le reste du bâti[2]. Il reste possible qu'il ait surinterprété ces intentions originelles, mais c'est le sort commun à tous ces bâtiments éternellement en chantier, et le résultat est frappant de justesse.

« Une famille d'églises » ?

Des historiens de l'art regroupent semble-t-il à juste titre les trois églises de Martinvast, Octeville et Tollevast dans une même famille, avec des arguments tant historiques qu'architecturaux.

Une page spécifique de Wikimanche est consacrée à cette « école » architecturale.

Statuaire

  • de très nombreux chapiteaux, culots et modillons romans, aux sujets souvent profanes, voire drolatiques.
  • un Saint Christophe portant l'Enfant Jésus, avec un donateur à ses pieds, [6] et une Sainte Anne et la Vierge, réalisés au 15e siècle en albâtre polychromée[7] , classés au titre d'objets le 8 janvier 1975.
  • une statue de la Vierge à l'enfant du 18e s.,
  • une statue de saint Martin du 15e s.,
  • une statue de saint Gilles à la biche du 17e s.,
  • une statue de saint Acaire du 16e s., connu aussi comme Aicadre de Jumièges, patron d'un ancien ermitage situé dans la paroisse.
  • une statue de saint Sébastien du 16e s.,
  • une statue de saint Hubert du 17e s.

L'église possède également un calice en argent de 22,5 cm de haut et sa patène dans le même métal, ouvragés par l'orfèvre Hugues Le Forestier entre 1781 et 1791 et protégés depuis le 24 mars 1976[8].

L'église est classée au titre des monuments historiques depuis le 24 février 1956[9].

Curés

  • ...
  • 1954-... : Dupont
  • ...

Galerie d'images

Situation

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Bibliographie

  • A. Montier, « L'église de Tollevast », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. Manche, partie 2, éd. Lemasle & Cie, Le Havre, 1899, p. 19-21 (lire en ligne)
  • Lucien Musset, « Tollevast, église paroissiale Saint-Martin », Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques, édit. Derache, Paris, 1966, p. 147-153 (lire en ligne).
  • Lucien Musset, Normandie romane 1. La Basse-Normandie, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1967, p. 163-167, planches p. 184-192

Sources

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Bernard Beck, « Églises et abbayes du Cotentin », Le Cotentin, éd. Manche-Tourisme, 1977, p. 147.
  2. 2,0 et 2,1 Lucien Musset, p. 147, cf. bibliographie.
  3. André Rostand, Monuments meurtris du Cotentin libéré, 1948.
  4. Inventaire du patrimoine de la Reconstruction dans la Manche, Conseil général de la Manche, Conservation des antiquités et objets d’art, 2011.
  5. Biographie de Parcevaux, rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte sur le site AGORHA.
  6. « Notice n°PM50001187 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  7. « Notice n°PM50001186 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  8. « Notice n°PM50001188 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  9. « Notice n°PA00110619 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.

Liens internes

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